Rappelons que la nouvelle directive a pour objectif de favoriser l’innovation, la transparence de la concurrence et l’efficacité du marché des services financiers dans l’Union Européenne, et plus précisément de moderniser les services de paiement en Europe au profit tant des consommateurs que des entreprises, pour rester en phase avec un marché en évolution rapide. Concrètement la directive comporte deux volets.
Elle oblige d’abord les banques dans l’UE à fournir l’accès aux données de leurs clients, en obtenant leur accord au préalable, à des acteurs tiers que sont les initiateurs de services de paiement (traditionnellement les sites de commerce électronique) ou les fournisseurs de services d’informations sur les comptes (agrégateurs offrant des outils de gestion des finances personnelles rassemblant plusieurs comptes).
Les banques doivent pour cela assurer une communication sécurisée et standardisée en mettant à disposition un ensemble d’API ouvertes et interopérables, briques logicielles permettant à deux applications – celle de la banque et celle de l’acteur tiers – de communiquer entre elles. L’objectif, grâce à ces API, est de simplifier et d’automatiser les parcours client en ligne, en supprimant les intermédiaires, et de donner aux différents prestataires concernés l’opportunité d’offrir de nouveaux services financiers innovants.
Deuxième volet, conséquence immédiate du premier, la mise à disposition de ces API ouvertes impose de garantir l’authentification de l’initiateur de chaque transaction. C’est là qu’intervient l’authentification forte, ou SCA (Strong Customer Authentication).
On le sait, pour lutter contre la fraude contre les paiements en ligne liée au vol des numéros de carte de crédit, l’écosystème des paiements a imposé depuis une quinzaine d’années une authentification plus poussée, baptisée 3D Secure, reposant sur l’envoi par l’acheteur d’un code supplémentaire pour valider la transaction. Les banques dans les différents pays européens ont interprété 3D Secure de différentes manières. En France, celle qui s’est imposée est l’envoi d’un code à usage unique par SMS, désormais quasi généralisé pour les paiements en ligne et les transactions bancaires.
Or l’obligation de l’authentification forte imposée par DSP2 remet en cause cette méthode. Pour l’autorité bancaire européenne comme pour les spécialistes de la lutte contre la fraude, elle n’offre en effet pas un niveau de sécurité suffisant. Le consommateur devra désormais s’authentifier grâce à au moins deux facteurs distincts parmi trois : quelque chose qu’il sait (mode de passe par exemple), quelque chose qu’il possède (ordinateur, smartphone) et/ou quelque chose qui le caractérise en tant qu’individu (empreinte digitale, etc.).