Le RGPD a été conçu pour aider à protéger les données personnelles des utilisateurs, mais il apparaît que l’un des droits qui leur sont accordés par le règlement a des conséquences contraires à l’effet souhaité.
Dans le cadre du règlement RGPD, les consommateurs peuvent exercer leur droit d’accès, qui leur permet de demander copie des données personnelles que les entreprises ont collectées sur eux. Ils peuvent exercer ces demandes verbalement ou par écrit, et les entreprises doivent y répondre dans un délai maximum d’un mois. En règle générale, les entreprises n’ont pas le droit de facturer les frais relatifs au traitement de ces demandes.
Les avantages de ce droit d’accès pour les consommateurs sont évidents, mais selon une recherche menée par James Pavur, étudiant en PhD à l’Université d’Oxford, dans leurs efforts pour se conformer au règlement RGPD, les entreprises oublient régulièrement de s’assurer que ces demandes d’accès sont légitimes. Ce qui crée une nouvelle menace pour la sécurité des données personnelles.
Comme il est mentionné dans la présentation qu’il a donnée à la récente conférence Black Hat à Las Vegas, James Pavur a envoyé 150 demandes d’accès RGPD à des entreprises non pas en son nom mais en celui de sa fiancée. Près des trois quarts des entreprises ont répondu à ces demandes, et 83 d’entre elles ont répondu qu’elles détenaient des données liées à sa fiancée. Parmi celles-ci, près d’un quart lui ont fourni ces données après réception d’une simple adresse email et/ou d’un numéro de téléphone à fin de vérification d’identité. 16% d’entre elles ont accepté des documents d’identité qui auraient pu être facilement falsifiées.
Plus inquiétant, James Pavur a même pu obtenir des informations sensibles sur sa fiancée sans aucune vérification d’identité. Dans un cas, il a reçu le numéro de sécurité sociale US de sa fiancée sans avoir eu à fournir le moindre document d’identité. Globalement, dans 60% des cas dans lesquels James Pavur a reçu des données de la part d’une entreprise, ces données auraient pu avoir une utilité plausible pour un acteur malveillant, et dans 15% des cas, ces données auraient pu avoir une utilité évidente pour ces mêmes acteurs.
James Pavur a également pu montrer comment des données transmises par des entreprises différentes auraient pu être combinées par des pirates. Par exemple, sur la base de multiples demandes d’accès, il a été capable d’obtenir dix chiffres du numéro de carte de crédit de sa fiancée, la date d’expiration de la carte, et le nom et code postal de la banque d’émission. Autre élément intéressant, sur la base d’une demande RGPD adressée à un spécialiste du renseignement sur les menaces, il a été capable d’obtenir des noms d’utilisateur et mots de passe piratés associés à sa fiancée, certains d’entre eux étant toujours utilisés par elle pour d’autres services en ligne, dont une application bancaire.