Même les professionnels de la lutte contre les fraudes les plus chevronnés reconnaitraient que certains fraudeurs ont des méthodes extrêmement sophistiquées et ingénieuses, qui rendent presque impossible la prévision des prochaines attaques. C’est pourquoi l’idée d’avoir une « longueur d’avance » sur les fraudeurs n’est généralement pas réaliste.
En pratique, l’objectif est de s’assurer que la détection des fraudes garde une longue d’avance et pas plus. Les équipes chargées de la défense devraient s’en prendre aux fraudeurs comme à des chiens de chasse, en minimisant les opportunités de capitaliser sur de nouveaux exploits non couverts.
C’est la même raison pour laquelle tant de professionnels sont sceptiques à l’idée même d’une stratégie pour lutter contre les fraudes. Tout cet environnement évolue si rapidement que, lorsqu’une organisation aura défini, accepté et mis en place cette stratégie, de nouvelles menaces auront peut-être surgi et la rendront inopportune.
Mais il s’agit là d’une vision assez réductive. Si cette stratégie est définie en des termes étroits, qui précisent les types de fraudes ciblés ainsi que les outils et les techniques qui seront utilisés, une obsolescence est presque garantie. Mais si la stratégie se concentre sur des principes de haut niveau plutôt que sur les détails de mise en œuvre, elle aidera l’entreprise à prendre des décisions plus informées sur la meilleure approche à adopter pour détecter, empêcher et gérer les fraudes.
Par exemple, une stratégie de haut niveau de lutte contre les fraudes peut aider à informer les responsables sur l’importance d’investir dans des mesures de lutte contre les fraudes et les conséquences encourues si ces investissements ne sont pas réalisés. Nous avons vu de nombreux exemples de marchands en ligne qui décident de faire passer en priorité l’acquisition des clients et la hausse du chiffre d’affaires plutôt que la prévention des fraudes, sans comprendre que celles-ci entraînent de vrais dangers. Ces entreprises comptent typiquement sur les principaux réseaux de traitement des cartes de crédit pour gérer les paiements des clients et la plupart de ces réseaux fixent un seuil d’environ 1 % pour les rétrofacturations liées aux fraudes. Si cette limite est dépassée, les pénalités et les restrictions peuvent être importantes ou fatales pour le vendeur.